Namur

Françoise Belfroid : l’étincelle constructive

5 Minute(s) de lecture

Pour Françoise Belfroid, la voie de l’entrepreneuriat a toujours été une évidence. A la direction du Groupe Ronveaux et de ses 600 collaborateurs depuis 15 ans, elle affiche une volonté à toute épreuve en dépit des secousses inhérentes à la vie de toute entreprise. Rencontre avec une femme de tête qui ne craint pas les nouveaux défis.

 BIO EXPRESS

  • Née le 28 décembre 1963
  • 1981 : achève ses humanités générales à l’Athénée Royal de Ciney
  • 1981 : entame un BBA (Bachelor of Business Administration) à Bruxelles 
  • 1985 : s’envole pour les USA où elle réalise un MBA à la Claremont Graduate University
  • 1987 : travaille pour l’entreprise de consultance Michael Thomas à Anaheim (Californie)
  • 1989 : est engagée comme analyste financière par la société américaine Geneva Corporation
  • 1990 : rejoint la Belgique et intègre l’entreprise familiale
  • 1998 : devient Administrateur Délégué du Groupe Ronveaux 
  • Mariée, mère de 4 fils

Lorsqu’en 1985 Marie-Anne Belfroid demande à ses 4 enfants qui souhaite un jour lui succéder à la direction du Groupe Ronveaux, Françoise est la seule à lever la main. C’est en effet à la tête d’une entreprise que la jeune femme imagine son avenir professionnel. «Si cela n’avait été celle de ma mère, ça en aurait été une autre», sourit-elle.
Résolue, Françoise décroche un MBA et entame sa carrière sous le soleil californien. En 1990, mariée à un Flamand de Geel rencontré aux Etats-Unis, elle retrouve la Belgique et intègre le Groupe Ronveaux où elle se voit confier l’installation de la qualité totale. «Une idée géniale, souligne-t-elle. Cette fonction m’autorisait à circuler partout dans la société. J’ai ainsi appris à mieux la connaitre mais aussi à me faire un prénom auprès des collaborateurs.» Cette expérience lui permet également de mettre le doigt sur certains points d’amélioration. «Dotée d’un diplôme d’ingénieur civil en construction, ma mère avait considérablement développé l’activité construction. L’électricité, notre métier historique, réservait en revanche de nombreuses pistes inexploitées.» Sous l’impulsion de Françoise, l’entreprise cinacienne voit ainsi son offre électrique se diversifier et son activité de rénovation se professionnaliser.
En 1998, au terme d’un processus de transmission rondement mené et approuvé par l’ensemble de la famille, Françoise devient l’Administrateur Délégué et exclusive actionnaire de Ronveaux. S’en suivent une dizaine d’années marquées par une retentissante croissance. « Un véritable âge d’or durant lequel nous nous sommes donnés les moyens de réussir en investissant pas moins de 3 millions d’euros par an.» En 2008, c’est malheureusement la douche froide… «Notre chiffre en construction a chuté de 50%. Une situation économiquement et humainement difficile qui m’a appris que rien n’était jamais acquis.» Depuis 2012, Ronveaux relève la tête. Preuve de cette dynamique retrouvée, l’entreprise vient d’acquérir les activités de son frère jumeau du Nord du pays : la firme Structo. Un nouveau challenge de taille représentant pas moins de 152 emplois et 25 millions de chiffre d’affaires.

 

COUP DE GENIE
RONVEAUX'jcd'-0197«J’ai pris tellement d’initiatives depuis mon arrivée… La première me venant à l’esprit est davantage un coup de poker que de génie. C’était en 2004. Nous avons soumissionné trois marchés différents pour l’éclairage public pour les régions du Brabant wallon – Hainaut, de Liège- Luxembourg et de Namur. Alors que nous ne soumissionnions plus ce type de marchés depuis plusieurs années, nous avons décidé de nous jeter à l’eau. Au final, nous avons remporté les trois adjudications, soit un marché de 15 millions d’euros à mener en 30 mois !
J’ai eu d’autres initiatives gagnantes comme le fait d’investir dans le domaine de la télédistribution ou de la rénovation de construction.

Ce qui me guide dans ce type de dossiers, c’est d’abord la curiosité. Si l’on me fait parvenir une proposition, je prends toujours la peine de la lire. Je ne jette pas tout de go une idée à la poubelle sous prétexte qu’elle se trouve dans un secteur que nous n’avons jamais exploré. Je préfère adopter une attitude de sceptique positive. C’est ainsi qu’en collaboration avec la SPI nous avons récemment mis en œuvre le projet GEPPADI, un système intelligent de gestion d’éclairage public dans les zonings. Elargir notre core-business ne m’a jamais fait peur. Le tout est de se diversifier sans se diluer.»

 

COUP DE CŒUR
RONVEAUX'jcd'-0264« Je suis quelqu’un de foncièrement positif et j’ai la chance d’avoir autour de moi une équipe animée du même état d’esprit. J’en veux pour preuve notre récente reprise des activités de la société Structo. Lorsque j’ai annoncé ce rachat, je craignais un peu la réaction du département électricité, car, pendant la crise, c’est grâce à leur secteur que nous avons tenu le coup alors que le domaine de la construction s’effondrait. Je devais leur annoncer que nous allions investir dans un secteur qui n’avait pas été porteur au cours des dernières années mais aussi que l’électricité ne représenterait plus qu’un tiers au niveau Groupe (au lieu de 50%). Aussi étonnant que celui puisse paraitre, ils ont tous été emballés ! La banque nous a d’ailleurs dit que c’était la manière dont l’équipe accueillait la reprise qui avait achevé de la convaincre de nous suivre.»

 

COUP DE GUEULE
« Je vois sans cesse le monde politique s’épancher dans les médias sur la trop faible ardeur entrepreneuriale de la Wallonie.  Tout en affichant ce discours, notre gouvernement qui a grand besoin d’argent vient de manière permanente et excessive le puiser au sein des entreprises. Au cours des derniers mois, nous avons ainsi subi une multitude de contrôles que j’assimile ni plus ni moins qu’à du racket. Nous perdons un temps fou à montrer patte blanche à des personnes qui font des chinoiseries pour grappiller le moindre euro. Un tel esprit coercitif ne peut encourager les gens à entreprendre.»

DU TAC AU TAC

  • Vous représentez la 3ème génération à la tête de Ronveaux. Une 4ème génération prendra-t-elle un jour la tête de l’entreprise familiale ? J’ai quatre fils dont l’aîné a 22 ans. Il est encore trop tôt, à ce jour, pour savoir de quoi sera fait leur avenir professionnel.  Un passage de témoin reste toutefois de l’ordre du possible. J’ai également des neveux et nièces qui pourraient manifester leur intérêt. En tout état de cause, j’aspire vraiment à ce que l’entreprise reste familiale.
  • Votre parcours aurait-il été le même si vous aviez été un homme ?Non, il aurait été beaucoup plus difficile. Le fait d’être une femme m’a en effet ouvert de nombreuses portes au sein du monde économique. Quand vous êtes une femme, chef d’entreprise, wallonne de surcroit, vous êtes un oiseau rare (rires).  C’était plus encore le cas pour ma mère  qui, à son époque, était connue comme le loup blanc.
  • Avez-vous atteint tous vos objectifs professionnels ?Non… et j’espère ne jamais les atteindre !  Je dis cela sans frustration aucune. Je suis très épanouie mais garde l’envie d’accomplir encore de nombreux projets.

 

LE GROUPE RONVEAUX C’EST :

  •  Une entreprise  active dans le secteur de la construction (conception, production et montage d’éléments préfabriqués en béton), l’électricité (distribution électrique, télédistribution et fibres optiques, éclairage, industrie, gestion automatisée, télécommunications, ….) et la rénovation (façades, bâtiments classés, étanchéité et cuvelage, piscines, …)
  • 90 années d’existence
  • Un actionnariat 100% familial
  • 600 collaborateurs
  • 2613 chantiers menés en 2012

 

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Rédactrice en chef (Liège-Namur)
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