Liège-Verviers

Christophe & Stéphan Delhez (Tôlerie Delhez) : frères de lance

5 Minute(s) de lecture

“Faire ce que les autres ne font pas, ou alors, le faire mieux…”. Depuis quatre décennies, ce leitmotiv guide les pas de la famille Delhez. Dignes héritiers d’un père entreprenant, Christophe et Stéphan Delhez n’ont jamais hésité à multiplier les investissements pour permettre à leur PME de se démarquer. Portrait d’un duo complémentaire qui cultive l’audace, sans jamais se bruler les ailes.

Aux classes d’école, Christophe et Stéphan Delhez ont toujours préféré l’ambiance de l’atelier. Leur majorité à peine fêtée, l’un et l’autre ont ainsi emprunté le chemin de l’entreprise familiale. « Je m’étais préalablement essayé à un cursus en chimie », note Stéphan. « Mais la motivation n’était pas au rendez-vous. L’envie d’être sur le terrain était plus forte que le reste. »

Une envie née au contact d’un père entreprenant qui leur a toujours dévoilé les arcanes de son métier. « Initialement agriculteur, notre père s’est reconverti au métier de couvreur, au début des années 70 », explique Christophe. « Pour améliorer ses réalisations, il a fait l’acquisition d’une plieuse à zinc, une machine grâce à laquelle il rendait de nombreux services à ses confrères. Face à la demande, il a finalement décidé de renoncer à ses activités de toiture pour se concentrer, en 1994, sur le pliage du zinc. »

C’est à cette époque que Christophe rejoint la zinguerie où évoluent déjà deux autres de ses frères (ndlr : la fratrie se compose au total de six frères et sœurs). L’entreprise est alors plus modeste qu’aujourd’hui. « Nous étions trois dans un hall de 380 m 2 », se souvient-il. « L’activité montrant un réel potentiel de développement, notre père a décidé de nous la transmettre en nous proposant de racheter les parts des autres membres de la fratrie. »

Mineur au moment de cette opération, Stéphan rejoint le navire en 1998. Comme Christophe, c’est dans l’atelier qu’il aiguise ses connaissances sur le pliage du zinc et de la tôle.

L’année 2004 marque une nouvelle étape dans la vie de l’entreprise. Suite au départ successif de leurs frères, Christophe et Stéphan se retrouvent seuls aux commandes. Actionnaires à 50/50, ils vont alors faire preuve d’audace pour donner un nouvel essor à la société. « Nous avons, tout d’abord, décidé de revendre l’activité de zinguerie pour nous concentrer sur l’usinage de la tôle. Dans la foulée, nous avons investi le fruit de cette vente dans la construction d’une nouvelle usine, dans le zoning des Plénesses. » Passionné de technologie, le duo va également étoffer son parc machine en misant sur des découpeuses, plieuses et autres poinçonneuses très pointues. « En 10 ans, nous avons investi 13 millions € », soulignent-ils. « Avoir des montagnes sur notre compte en banque ne nous intéresse pas. Nous préférons investir dans du concret. »  

Face à la croissance rencontrée par leur société, Christophe et Stéphan se sont entourés, voici quelques mois, d’un conseil d’administration. « Nous avions conscience d’avoir certains manquements pour porter l’entreprise encore plus haut. Nous avons donc fait appel à des personnes expérimentées qui n’étaient pas de la région. Depuis lors, ce CA nous challenge énormément. « Nous adorons ces discussions, ces confrontations d’idées dont nos valeurs sont l’arbitre. Quelles que soient les évolutions futures, nous voulons rester fiers de ce que nous faisons et de l’environnement de travail que nous proposons. »

Pour la tôlerie, 2018 se dessine sous les meilleurs auspices. Alors que l’entreprise ne dispose d’aucun commercial, d’importants contrats garnissent d’ores et déjà son carnet de commandes. Dès le mois de janvier, les travaux d’extension de son usine débuteront. Sans jamais se précipiter, Christophe et Stéphan continuent infatigablement d’avancer.

Coup de génie
« La construction de notre actuelle usine était une décision audacieuse. Nous avons fait ce choix en 2008, soit en pleine crise économique. Le marché n’était guère florissant et notre principal client venait de faire faillite. Mais nous voulions être prêt quand les affaires allaient reprendre. Bien nous en a pris ! Outre une amélioration de notre chaine de production, ces infrastructures nous ont offert une belle carte de visite. Lorsque des clients originaires d’Allemagne, par exemple, arrivent ici, ils sont immédiatement séduits. »

Coup de cœur
C.D. & S.D. : « Nous le dédions à nos parents qui nous ont insufflé la mentalité qui est la nôtre. Au travail, notre père prônait trois valeurs : fierté, implication et optimisme. Il était assurément la personne la plus optimiste que nous connaissions. Il l’était parfois jusqu’à l’absurde (rires). Mais cela faisait le charme de sa personnalité. »

Coup de gueule
C.D. : « Cela fait des années que je ne regarde plus les journaux télévisés “classiques”. Tout y est axé sur le négatif. Résultat : alors que nous vivons dans un pays de rêve, nous ne voyons plus que ce qui ne va pas. Plutôt que de systématiquement donner la parole à ceux qui critiquent, pourquoi les médias ne mettent-ils pas davantage en avant ceux qui se bougent pour faire avancer les choses ?  Il y a trop peu de gens dans l’action et trop dans la réaction. »
S.D. : « C’est important en effet de diffuser des messages positifs. Le documentaire Demain en est un bel exemple. En adoptant un ton constructif pour parler de crises écologiques et sociales, il a fait naître quantité d’initiatives locales. Bien plus que n’importe quel reportage sur le réchauffement climatique, il a donné aux spectateurs l’envie d’agir. Parlant écologie, je profite de cette question pour énoncer un second coup de gueule relatif à la mobilité dans ce zoning. Alors que 3.300 personnes travaillent ici quotidiennement, le parc n’est quasiment pas desservi par les transports en commun. Pas facile dans ces conditions d’encourager les gens à renoncer à leur voiture… »

Bio Express
Christophe Delhez

  • Né le 9 mai 1973, à Eupen
  • Actif au sein de l’entreprise familiale depuis 1991
  • Marié, père de 4 filles (âgées de 16 à 4 ans)
  • Hobbies : course à pied, VTT et ski à roulettes

Stéphan Delhez

  • Né le 26 septembre 1979, à Eupen
  • Actif au sein de l’entreprise familiale depuis 1998
  • Marié, père d’un petit garçon (6 ans) et d’une petite fille (3 ans)
  • Hobbies : course à pied, vélo et festivals musicaux

Du tac au tac
Quelle est votre plus grande qualité ?
C.D. : « La persévérance. »
S.D. : « L’optimisme. Je pense que Christophe et moi avons également comme qualité commune une certaine ouverture d’esprit. »

Votre plus gros défaut ?
C.D. : « Lorsque je suis sous pression, j’ai la fâcheuse tendance de communiquer mon stress à tout le monde. »
S.D. : « Mon tempérament réservé m’incite, parfois, à me renfermer dans ma bulle. »

Avez-vous une devise ?
C.D. & S.D. : “Nous devons faire ce que les autres ne font pas, ou alors, le faire mieux…”

Si c’était à refaire…
S.D. : « Je serais parti un an à l’étranger avant de rejoindre le monde du travail. Cela m’aurait permis d’apprendre une autre langue, de m’ouvrir à d’autres cultures. C’est mon seul regret. »
C.D. : « Dès mon entrée dans la vie active, j’aurais dû suivre une formation en management. Faisant aujourd’hui partie d’un groupe de partage d’expériences, je me rends compte que j’ai gaspillé beaucoup d’énergie dans certaines futilités. »

Delhez Tôlerie, c’est :

  • Une entreprise familiale spécialisée dans l’usinage de la tôle (acier, inox, aluminium…)
  • Une clientèle issue de secteurs très variés (industrie, construction, pharmaceutique, énergie…)
  • Des produits présents aux 4 coins du monde (par exemple, lors de notre passage, Delhez réalisait, pour le compte d’un client néerlandais, des tôles perforées destinées au métro de Londres)
  • 40 collaborateurs (+ 15 au cours des 18 derniers mois)
  • 41 années d’existence
  • 6 millions € de chiffre d’affaires (+22% depuis 2016)
  • Une usine de (bientôt) 10.000 m2
  • Une PME responsable disposant de 8 ruches (pour concourir à la préservation de la biodiversité locale), un verger de 8.000 m2 (pour revaloriser des arbres fruitiers de la région) et de 325 modules de panneaux photovoltaïques.

 

Delhez Tôlerie : Zoning les Plénesses –  Rue Grondal, 8 à 4890 Thimister – Tel : 087/35.28.85 – www.delhez.be

 

363 posts

À propos de l’auteur
Rédactrice en chef (Liège-Namur)
Articles
Vous pourriez aussi aimer
Liège-Verviers

Deux frères pour un binôme artiste/entrepreneur

3 Minute(s) de lecture
Installés depuis février dans leur nouveau lieu, quai du Barbou à Liège, à la fois atelier et salle d’exposition, les frères Gilson,…
Brabant wallonHainautLiège-VerviersNamurWallonie picarde

L’UWE et les CCI passent à l’AKT

2 Minute(s) de lecture
L’Union Wallonne des Entreprises (UWE) et les 5 Chambres de Commerce et d’industrie (CCI) wallonnes ont décidé d’unir leurs destins pour former…
Liège-Verviers

Reno.energy a le marché des panneaux photovoltaïques pour les écoles du réseau

1 Minute(s) de lecture
Le Secrétariat général de l’enseignement catholique (SeGEC) a fait le point sur le programme d’investissement sans précédent dans le secteur scolaire, destiné…