Liège-Verviers

Emile-Louis Bertrand (PAL) : se jeter à l’eau

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A l’automne dernier, Emile-Louis Bertrand inaugurait le tant attendu Trilogiport. La concrétisation d’un projet de longue haleine pour celui qui dirige, depuis une dizaine d’années, le Port autonome de Liège. Pour autant, l’heure n’est pas au repos. Sur son bureau, les projets sont toujours nombreux. Tous témoignent d’une même ambition : faire du PAL, outil économique incontournable, un port du futur.  

 BIO EXPRESS

  • Né le 22 décembre 1956 à Robermont
  • 1968 : entame ses humanités générales au Collège Saint-Servais (option latin-grec)
  • 1979 : décroche un diplôme en Droit à l’Université de Liège
  • 1980 : débute sa carrière au sein du Gouvernement de la Province de Liège
  • 1986 : évolue, en tant que juriste, au sein de l’Administration et divers cabinets ministériels
  • 1998 : rejoint le Port autonome de Liège et devient Directeur administratif
  • 2004 : assume la fonction de Directeur général faisant fonction du PAL
  • 2011 : est officiellement nommé Directeur général du Port autonome
  • 2015 : procède, en novembre, à l’inauguration du Trilogiport
  • Marié, père d’un fils (Olivier)
  • Amateur de nature, de chasse et du Cotentin.

Emile-Louis Bertrand a beau avoir mené des études de droit, le port de la toge ne l’a jamais fait rêver. «En effet, je n’ai jamais aspiré à devenir avocat. Je me suis tourné vers ces études avec l’ambition de me lancer dans le droit international avant de finalement m’orienter vers le droit administratif.»

Son diplôme à peine décroché, c’est au Gouvernement de la Province de Liège qu’il esquissera ses premiers pas dans la vie professionnelle. Une expérience qui lui permettra, entre autres, de prendre part à la gestion du tremblement de terre qui secoua la cité ardente en 1983.

Trois ans plus tard, Emile-Louis Bertrand rejoint la capitale où il est nommé en tant que juriste au ministère de l’Intérieur. « A la protection civile, plus exactement. Un travail intéressant mais lourd en déplacements. Chaque matin, j’étais claquemuré dans un bus, puis dans un train avant de me retrouver dans un bureau. Durant quatre ans, j’ai eu le sentiment de vivre dans un couloir.»

En 1990, notre homme rejoint le cabinet de Bernard Anselme, alors Ministre au sein du Gouvernement Martens. « Je l’ai suivi à la Communauté française avant d’évoluer à la Région wallonne, aux côtés de Guy Mathot.» Tout comme l’univers du barreau, le monde politique n’a pas éveillé de vocation : « Je n’ai jamais songé  y faire personnellement carrière. Mon engagement à titre administratif était déjà fort prenant. Je n’avais pas envie de m’éparpiller.»

A la fin des années 90, le Port autonome de Liège est à la recherche d’un profil administratif spécialisé dans la gestion du personnel. Emile-Louis Bertrand  sera cette personne. Il y côtoiera deux femmes de tête : Marie-José Namotte, à qui il succédera à la direction du personnel, et Marie-Dominique Simonet. Disposant d’une bonne connaissance des dossiers, il devient rapidement le bras droit de cette dernière. Mais en 2004, c’est la surprise : suite à la formation du nouveau Gouvernement régional, Marie-Dominique Simonet quitte ses fonctions du jour au lendemain. Promu à la Direction générale du PAL, Emile-Louis Bertrand se retrouve avec deux dossiers d’envergure sur les bras : la mise sur rail du Trilogiport (que l’on ne nommait pas encore ainsi) et le départ annoncé d’ArcelorMitall qui représentait à lui seul 30% du trafic du port liégeois. «Réussir était la seule alternative possible. Autant dire qu’à cette époque, les nuits d’insomnie ont été nombreuses.» Une anxiété aujourd’hui devenue histoire ancienne. En novembre dernier, le Trilogiport a officiellement été inauguré tandis que le PAL a renoué avec la croissance, tant en termes de tonnages que de bilan financier.

Si la plateforme multimodale a demandé de nombreux efforts, elle n’aura pas été l’unique projet porté par Emile-Louis Bertrand au cours des dernières années.  «Je suis heureux, notamment, des relations étroites initiées avec les ports de Paris, Lille et Bruxelles. Un réseau de partage d’informations unique en Europe que nous avons, aujourd’hui, étendu à des ports néerlandais, allemands et suisses.»

Et dans le futur, les projets ne manqueront pas. « Ils porteront essentiellement sur le développement du Trilogiport vers la zone de Chertal, l’acquisition de nouveaux terrains auprès de la Région wallonne et le positionnement de Liège au cœur des corridors de fret européens.  Non vraiment, je ne crains pas de m’ennuyer », conclut  Emile-Louis Bertrand.

EMILE-LOUIS BERTRAND (2)COUP DE GENIE
«Il est bien évidemment collectif et porte, sans grande surprise, sur la mise en place du Trilogiport. Je suis particulièrement fier des accords commerciaux que nous avons pu établir avec des acteurs publics et privés ainsi que des contrats qui en découleront.
L’équipe du PAL est restreinte mais a montré qu’elle pouvait mener à bien des projets ambitieux. Elle est en permanence animée par l’envie d’innover. Nous aimerions ainsi davantage nous inspirer de ce qui se fait en Flandre où des experts démarchent les entreprises pour leur expliquer les intérêts du transport par voie d’eau. Nous voudrions aussi innover en sensibilisant le grand public aux enjeux de la logistique. Pour de nombreuses personnes, cette dernière se résume à des camions qui roulent et encombrent les routes. Mais elle est avant tout source d’avantages qu’il est important d’expliquer. Cet exercice de sensibilisation pourrait débuter par un travail auprès des écoles de la région.»

COUP DE CŒUR
«Je le dédie à toute l’équipe du PAL avec laquelle j’ai bien du plaisir à travailler. Elle compte en son sein des personnes hyper-compétentes qui n’ont jamais hésité à se retrousser les manches pour relever certains challenges à mes côtés. J’aime qu’elles agissent dans un souci d’amélioration constante et essaient de voir plus loin que le bout de leur nez. Ensemble, nous avons la chance de collaborer sur des projets concrets et de pouvoir admirer, le cas échéant, le résultat de notre travail.»

COUP DE GUEULE
«Je suis contrarié du retard que nous enregistrons dans la gestion de nombreux dossiers. Si on a une idée formidable mais qu’elle met 10 ans à se concrétiser, elle perd évidemment de sa valeur. C’est un peu ce qui s’est produit avec le Trilogiport. Au moment où il a été imaginé, sa concrétisation immédiate nous aurait donné un véritable avantage concurrentiel. Désormais, même si nous avons entre les mains un outil unique, d’autres régions ont également fait du chemin en la matière. Je suis fier d’être fonctionnaire. Même s’il est régi par des règles publiques, le PAL vit comme une PME. Cette volonté d’être (pro)actif n’est malheureusement pas répandue dans toutes les administrations publiques.»

DU TAC AU TAC

Quelle est votre plus grande qualité ?
Ce que je dis, je le fais.

Votre plus gros défaut ?
Je suis assez rancunier.

Une devise ?
Qui ose gagne !

Si c’était à refaire…
Après coup, il est toujours facile d’identifier ce que l’on aurait pu améliorer. Dans les grandes lignes, je n’agirais pas différemment. J’essayerais simplement de prendre davantage de recul et de mieux me protéger du stress.

LE PORT AUTONOME DE LIEGE, C’EST :

  • Le 1er port intérieur belge et le 3ème port fluvial d’Europe (après Duisbourg et Paris)
  • 36 collaborateurs
  • 23.000 emplois générés en région liégeoise (dont près de 10.000 emplois directs)
  • 32 zones portuaires gérées
  • 26 km d’accostage au quai
  • 370 hectares de terrains portuaires
  • 18 millions de tonnes de marchandises manutentionnées annuellement
  • 3.735.000 € de chiffre d’affaires (2014)

Port autonome de Liège : Quai de Maëstricht n°14  à 4000 Liège  – Tel.: 04/232.97.97 –  www.portdeliege.be

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Rédactrice en chef (Liège-Namur)
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