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Gaëtan Servais (Groupe Meusinvest) : le musicien des chiffres

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Voilà dix ans que Gaëtan Servais a pris les rênes de Meusinvest. Cet économiste de formation a considérablement développé ce groupe qui compte 430 entreprises participées. Il est aussi entrepreneur dans l’industrie culturelle.

« Je suis économiste, j’ai la fibre entrepreneuriale. Il y a dix ans, j’ai opté pour Meusinvest parmi plusieurs possibilités de carrière. » Assis dans un espace convivial au siège du groupe, place Saint Etienne à Liège, Gaëtan Servais se montre satisfait de son choix. « Je suis arrivé avec beaucoup d’enthousiasme et de curiosité intellectuelle ; c’est passionnant de découvrir les projets des patrons et de voir muter l’économie de la région.»

Gaëtan Servais a commencé sa carrière dans la macro-économie. A l’Université de Liège, il a été l’assistant de deux personnalités : Bernard Thiry et Guy Quaden, devenu Gouverneur de la Banque Nationale. C’est lui qui l’a incité à rejoindre le Bureau du Plan puis le bureau d’études du Conseil Economique et Social de la Région wallonne.
Son expertise séduira Elio Di Rupo, qui l’engage dans le cadre de la rédaction du Contrat d’avenir pour la Wallonie. Il est arrivé en politique un peu par hasard, mais cela ne l’empêchera pas de passer une dizaine d’années dans les cabinets ministériels au service de quelques poids lourds socialistes : Di Rupo donc, Van Cauwenberghe, Arena, Courard puis Marcourt. « J’ai passé dix années extrêmement enrichissantes dans ce milieu. »

Aujourd’hui, le patron de Meusinvest se défend de toute influence des partis sur Meusinvest. « Le politique n’intervient en rien dans les processus de décisions. Je sais que c’est difficile à comprendre, mais je m’en porte garant » souligne Gaëtan Servais qui se réjouit toutefois du soutien apporté à l’invest par les ministres wallons de l’économie successifs.
La composition des instances, renouvelées récemment avec la confirmation du président Jean-Michel Javaux, reflète le caractère mixte (privé-public) de la structure. « A mon arrivée en 2008, une enquête donnait l’image d’un Meusinvest politisé et opaque, mais c’était faux ». Depuis lors, Gaëtan Servais a tout fait pour modifier la perception et la culture de l’entreprise. « Au-delà d’un soutien financier, nous sommes là pour co-construire avec l’entrepreneur. Celui-ci a envie qu’on s’intéresse à lui et plus particulièrement à sa société et qu’on apporte un environnement propice à la croissance. »

L’ouverture de Meusinvest à tous les secteurs, y compris le commerce ou l’horeca, a aussi contribué à transformer l’image, tout comme la spécialisation dans 5 secteurs : la biotech, l’industrie 4.0, l’immobilier, l’agroalimentaire de qualité et le numérique. « L’idée, c’est de réinvestir la profitabilité du groupe Meusinvest dans la construction d’écosystèmes liés à des pôles porteurs en terme d’emploi » explique Gaëtan Servais. « Le cycle est simple : on investit beaucoup au départ, cet investissement amène de bons dossiers à court terme, apporte de la profitabilité à moyen terme, crée une masse critique suffisante à long terme pour qu’il y ait une propre induction et le tissu génère de l’attractivité. » Et de citer le cas de la biotech, commencé il y a une quinzaine d’années avec par exemple la création de Spinventure et la construction du Giga qui ont été quelques-uns des éléments générant une dynamique conduisant notamment à la multiplication par 8 (10 à 80) des sociétés participées, à l’implantation d’une unité de fabrication de Mithra à Flémalle et à l’arrivée de nouveaux acteurs séduits par cet environnement.
Le mouvement devrait être beaucoup plus rapide avec le numérique, d’autant qu’il va de pair avec la création progressive d’un véritable district créatif dans le quartier de l’Hôtel de Copis, grâce à un puzzle en constitution avec des pièces telles que le Relab, le Fiacre ou la Grand Poste. « Nous essayons de créer un tissu d’entrepreneuriat urbain. »

Gaëtan Servais entretient aussi sa flamme d’entrepreneur à travers sa passion pour le monde de la musique. Avec son compère Fabrice Lamproye, il dirige une PME d’une vingtaine de permanents active dans la production de festivals (Les Ardentes, mais aussi Jazz à Liège, Ronquières,…) et l’exploitation d’une salle de concerts. « Mais mon métier, c’est DG de Meusinvest » prévient Gaëtan Servais qui est plutôt optimiste sur l’avenir de l’économie liégeoise. « Meusinvest n’est pas un baromètre exact car nous avons dans notre portefeuille une surreprésentation de sociétés en bonne santé. Mais j’observe un dynamisme et un potentiel importants liés à un esprit d’entreprendre en accélération et à une terre d’ingénieurs. » Et Gaëtan Servais d’insister sur ce point. « Nous avons aujourd’hui des capacités qui n’existaient pas il y a 15 ans ; on pensait alors que la logistique, par exemple, allait compenser les pertes industrielles. Avec le nouveau paradigme mixant digitalisation et automatisation, ainsi que les coûts (notamment environnementaux) du transport des pièces et l’évolution des salaires dans les pays émergents et de l’Est, il est possible de réindustrialiser en Wallonie et donc d’ouvrir de nouvelles opportunités. » De quoi raviver de nouvelles perspectives.

DU TAC AU TAC

Vos principales qualités ?

Je les dois à mes parents et je les applique tant dans la vie privée que professionnelle : la ténacité et la curiosité, très importante dans mon métier.

Votre plus gros défaut ?
Je suis exigeant au point d’en être ‘chiant’ à certains moments !

Votre devise ?

Je la tiens de ma grand-mère: « Dans tout ce que tu feras, ne crains rien ni personne, mais respecte tout le monde. »

Si c’était à refaire
Je suivrais des études d’ingénieurs, puis des études économiques pour compléter le volet entrepreneurial. Je viens d’une famille d’ingénieurs et je m’y étais programmé, mais de mauvais profs de sciences dans mes deux dernières années d’humanité m’en ont dégoûté. Le métier d’ingénieur est partout dans l’économie d’aujourd’hui.

Coup de gueule
« J’adore la chaleur des Wallons et le côté frondeur des Liégeois, mais je déteste par-dessus tout notre capacité simultanée à stigmatiser les échecs et à avoir de la suspicion pour la réussite. »

Coup de cœur
« ‘Les Hivernales de la danse’ lancées par Marie Doutrepont à la caserne Fonck à Liège. Après l’ouverture de ‘Ma ferme en ville’ (concept d’horeca en circuit court), elle participe pleinement à cet esprit de nouvelle génération d’entrepreneurs. »


Coup de génie

« D’une part, ouvrir l’activité du groupe Meusinvest à tous les secteurs (commerce, horeca,…) a démultiplié les activités. D’autre part, la création d’écosystèmes autour de 5 secteurs a modifié notre image et nous a rendus crédibles auprès des plus jeunes. »

BIOS EXPRESS

> Né le 28/09/68 à Liège

> 1991: décroche son diplôme en sciences économiques à l’Université de Liège

> 1991-1995 : devient assistant des professeurs Quaden et Thiry de l’Université de Liège

> 1995-1996 : est expert au Bureau fédéral du Plan

> 1996-1999 : est attaché au Conseil économique et social de la Région wallonne

> 1999-2007 : évolue d’une fonction de conseiller à chef de cabinet auprès de différents ministres (Di Rupo, Van Cauwenberghe, Arena, Courard, Marcourt)

> Depuis 2007 : devient directeur général du groupe Meusinvest

> Président et gérant de sociétés dans le secteur des productions musicales

Marié, père de 5 enfants (« mon plus grand patrimoine ! »).

Hobbies : musique et voyages


Le groupe Meusinvest, c’est…

– un invest (privé-public) proposant des solutions de financement (capital, prêt, leasing, crédit court terme) pour les entreprises
– un réseau de 430 PME participées en province de Liège
– un ensemble de filiales afin d’intervenir à tous les stades de la vie des entreprises :  création, développement, transmission.
– un investissement constant dans les projets de développement régionaux
– 31 collaborateurs directs
– 460 millions € de moyens d’action et 25.000 emplois consolidés dans l’économie liégeoise.

MEUSINVEST : Rue Lambert Lombard 3 à 4000 Liège  – Tél. : 04 221 62 11 – info@meusinvest.be  – www.meusinvest.be

 

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