Wallonie

Ecosystèmes et entreprises en croissance, quel bilan tirer des 15 ans de plans de redressement pour la Wallonie ?

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Le déploiement économique de la Wallonie est un des axes prioritaires du mémorandum de l’UWE. Si la Wallonie veut des entreprises en croissance, il faut d’abord créer des entreprises ! Pour y arriver, il faut stimuler et favoriser l’entrepreneuriat… Dans son étude annuelle sur la situation de l’entreprise, l’UWE tente de répondre à quelques questions-clés : La dynamique entrepreneuriale se limite-t-elle à la création d’entreprises ? Quel bilan tire-t-on des 15 ans de plans de redressement pour la Wallonie ? Comment l’entrepreneuriat contribue-t-il à la croissance ? Comment favoriser l’entrepreneuriat en Wallonie ? Quel type d’entrepreneuriat soutenir et sous quelle forme ? Autant de questions auxquelles l’UWE répond par une étude qui doit déboucher sur un plan d’action pour dynamiser l’entrepreneuriat.

Si on veut une économie en croissance, de l’emploi en croissance, il faut des entreprises en croissance. Il faut donc des créations d’entreprises.  Et si on parle de dynamique entrepreneuriale, il faut savoir que cela recouvre une dimension beaucoup plus importante que le simple fait de créer son entreprise ou de devenir indépendant.  Même s’il est mis à l’honneur depuis une vingtaine d’années, l’impact du processus entrepreneurial sur l’économie dans sa globalité est encore sous-estimé.
La création d’entreprise a plusieurs vocations :  la première est de remplacer les entreprises qui disparaissent par cessation d’activité ou faillite. Une forme d’entrepreneuriat qui a sa raison d’être, qui mérite l’attention des pouvoirs publics mais qui se perpétue assez naturellement. Mais, l’entrepreneuriat qui va permettre à une économie de rester dans la course, ou même de la mener, est un entrepreneuriat d’une autre nature, un entrepreneuriat innovant, audacieux et ambitieux. Cet entrepreneuriat, que l’on qualifie de schumpetérien car il a été théorisé par l’économiste Schumpeter dans les années 1930, est un des principaux vecteurs de la création nette de valeur et d’emplois dans une économie. Cet entrepreneuriat a aussi la qualité de transférer les nouvelles connaissances issues de la recherche scientifique, technologique ou non. « C’est évidemment essentiel pour permettre à une communauté (région, pays, continent) de rester à la pointe de la compétitivité économique et permet aussi à ses habitants (et au reste du monde en cas de grande réussite) de bénéficier des biens et services les plus évolués. »

Ce type d’entrepreneuriat peut se développer spontanément mais, à tout le moins, il a besoin d’un environnement favorable, un écosystème, pour employer un mot très en vogue mais qui, dans ce domaine, a toute sa pertinence. L’entrepreneuriat n’est pas l’affaire de quelques hommes et femmes qui vont développer dans leur coin les entreprises de demain si on leur donne les financements, des infrastructures et une réglementation favorable. On assistera sans doute à quelques réussites spectaculaires, mais isolées, sans lendemain.      

Dans son étude, l’UWE se penche sur le concept d’écosystème entrepreneurial au niveau d’un territoire. Les recherches sur les écosystèmes entrepreneuriaux performants dans le monde montrent que tous les facteurs qui influencent un écosystème entrepreneurial sont importants et doivent être traités avec une égale priorité, étant donné leurs fortes et complexes interactions. Des auteurs ont tenté de définir une certaine causalité entre ces différents facteurs. Il y aurait les conditions-cadres (les institutions, la culture, les infrastructures, la demande), indispensables pour que les conditions systémiques, comme le financement, la connaissance ou le talent, puissent avoir leur impact maximum sur la dynamique entrepreneuriale.
Comme le précise Olivier de Wasseige, « la création d’un écosystème ne se réalise donc pas avec deux ou trois mesures ponctuelles prises pour soutenir les entreprises naissantes dans un secteur déterminé ou non. C’est une politique globale et ambitieuse qui doit être mise en œuvre si on ne veut pas être déçu par les résultats. »

Si un grand nombre de créations d’entreprises ne signifie pas nécessairement l’existence d’un entrepreneuriat « ambitieux », un niveau peu élevé de créations d’entreprises est très souvent le signe d’une faiblesse. Dans le cas de la Wallonie, le taux de création net d’entreprises entre 2008 et 2018 se situe en-dessous de celui de la Flandre et il n’est pas suffisant pour envisager une croissance plus forte de l’économie, qui lui permettrait de rattraper son retard.
C’est pour cela que l’UWE a fait du développement de l’entrepreneuriat une priorité forte. « Beaucoup a été fait pour supporter « techniquement » les start-up innovantes  (disponibilité de financement, lieux d’incubation, aides à la R&D et à l’innovation, coopération avec les universités et les centres de recherche). De nombreuses initiatives ont été prises pour créer un climat général entrepreneurial propice à susciter des vocations d’entrepreneurs et surtout à inciter les jeunes entreprises à grandir, mais sans tenir compte de la notion d’écosystème permettant de réunir toutes les conditions nécessaires à la réussite. »

L’écosystème entrepreneurial wallon a quelques fondations solides, mais encore trop étroites. Le défi est de mettre en œuvre une politique plus globale et plus systémique avec au centre l’entrepreneur lui-même. Cette politique demanderait une supervision et une coordination globales. Les différentes analyses et conseils pratiques qu’on peut trouver dans la littérature peuvent servir de guide, tout comme les différents professeurs universitaires qui sont spécialisés dans ce domaine. Car avant de se lancer dans une politique ambitieuse, une analyse plus approfondie du monde entrepreneurial wallon et de son environnement, ses forces et ses lacunes au regard d’un écosystème entrepreneurial, est certainement nécessaire.

En conclusion, l’UWE constate partage l’ambition d’une politique de soutien à l’entrepreneuriat, qui doit être à la hauteur de l’ambition des entrepreneurs et entrepreneures. En conséquence, l’UWE demande au prochain Gouvernement wallon :

1.       De mener une analyse plus approfondie de l’environnement entrepreneurial wallon

2.       D’identifier des projets-pilotes d’écosystème entrepreneurial

3.       De débloquer d’importants budgets, à la hauteur des ambitions des entrepreneur.e.s, avec un focus sur les entreprises innovantes et/ou en croissance.

  

L’étude est téléchargeable via le lien : https://www.uwe.be/wp-content/uploads/2019/05/RapportEco2018.pdf

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Publication par communiqué de presse.
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