Wallonie

Les experts-comptables en ont assez des tracasseries administratives

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Portrait of serious young businesswoman accountant in formal wear and with pony tale, sitting at her work place and doing notes

L’ITAA (Institute for Tax Advisors and Accountants), l’Institut qui représente quelque 15 000 professionnels économiques, a cartographié au moyen d’un questionnaire les activités auxquelles se consacrent ses membres. La réglementation complexe et en perpétuel changement, mais aussi les problèmes de numérisation causés par l’instabilité des plateformes des autorités génèrent à l’évidence une charge de travail inutile. Les cabinets sont également confrontés à la difficulté de trouver des professionnels expérimentés. « La simplification administrative est réclamée à grands cris dans tous les volets de l’enquête », explique Bart Van Coile, président de l’ITAA. « Nous applaudissons le fait que ce point ait été repris dans les différents accords de gouvernement. En tant qu’experts, nous savons précisément quelle approche adopter “sur le terrain” et nous sommes disposés à aider les décideurs politiques dans cette tâche. »

Les principales conclusions

Le registre UBO et la législation anti-blanchiment (et leur complexité) sont pointés comme première cause de problèmes.

La numérisation n’est citée comme un fardeau que dans un cas sur quatre, mais de nombreux sondés ont néanmoins pris la peine d’expliquer que les fréquentes défaillances des diverses plateformes des autorités et les reports supplémentaires, systématiquement annoncés en retard, entraînaient une charge de travail inutile.

Même si la formation continue fait partie de la profession, les réformes législatives incessantes font peser une lourde charge sur les épaules des professionnels. Le RGPD et le nouveau CSA sont particulièrement ressentis comme de gros bouleversements.

L’autofiscalité, peu plausible pour des confrères étrangers, a été fustigée à plusieurs reprises en raison de son absurdité.

…et les solutions

Les recommandations formulées par les membres témoignent de leur optimisme :

  • une législation stable
  • une réglementation en adéquation avec la réalité et des textes de loi plus clairs et plus transparents
  • un mandat fiscal unique, de préférence sous forme numérique
  • des autorités et des plateformes performantes
  • des deadlines réalistes

En résumé, la simplification administrative devrait être effectivement la priorité numéro 1 pour ne plus décourager les professionnels économiques (ces professions font déjà officiellement partie des métiers en pénurie) et préserver la compétitivité des entreprises.

L’avenir de la profession

Bon nombre de membres déplorent l’attitude des médias, qui insinuent très souvent que la profession de « comptable » — les experts-comptables et les conseils fiscaux sont fréquemment regroupés sous ce vocable — est appelée à disparaître. Or, le questionnaire montre clairement que les entreprises ont plus besoin d’aide qu’auparavant. Au vu de la complexité de la législation, les chefs d’entreprises confient de plus en plus de dossiers à leur personne de confiance, l’expert-comptable ou le conseil fiscal. Ils s’adressent à lui pour des questions qui n’ont parfois même pas grand-chose à voir avec la gestion de l’entreprise, comme les questions relatives aux bourses d’études ou à l’ONEM.

Face à l’incertitude économique causée par la multitude de formalités administratives, le chef d’entreprise doit être épaulé dans les décisions d’investissement, ce qui amène le professionnel à jouer pour ainsi dire le rôle de CFO externe et à aider le chef d’entreprise de manière proactive dans la résolution des problèmes. Sa tâche s’alourdit, non seulement sur le plan administratif, mais aussi sur le plan intellectuel. Cette évolution rend la profession plus passionnante et intéressante, mais également beaucoup plus complexe, ce qui exigera du professionnel économique de demain qu’il développe d’autres compétences.

Pénurie de professionnels

Sur les 65 % des sondés qui disposent d’un personnel, près de la moitié ont des postes à pourvoir. En outre, 20 % prévoient des postes vacants d’ici peu. Un tiers d’entre eux prédit devoir chercher de nouveaux candidats dans les 6 mois à venir. Tous les autres s’attendent à devoir le faire dans l’année.

Pour presque 70 % des postes à pourvoir, les profils recherchés sont des professionnels expérimentés, suivis des jeunes diplômés, à raison de 17 %. Seuls 2 % des cabinets recherchent spécifiquement des profils IT.

Causes de cette pénurie

Dans l’ensemble, 80 % des sondés ont des difficultés à pourvoir les postes vacants et indiquent ici comme principales causes, outre la pénurie sur le marché : l’image peu attrayantede la profession, la méconnaissancedes possibilités de carrière ainsi que le nombre peu élevé de jeunes diplômés. Les petits cabinets ajoutent que la concurrence des grands acteurs au niveau du package salariala une forte incidence. Enfin, de par sa complexité,la profession n’est pas à la portée de tout le monde et beaucoup de professionnels optent pour un job dans une entreprise, générateur de moins de stress.

Bart Van Coile, président de l’ITAA,explique : « Le secteur traverse une période de turbulences. Ces réponses nous donnent une image particulièrement précise de ce que vivent nos professionnels. Les nombreuses recommandations qu’ils nous font à la fin des questions le soulignent également. »

La simplification administrative est réclamée à grands cris dans tous les volets de l’enquête. Il est urgent de s’attaquer aux nouveaux défis que sont la numérisation, une plus grande demande d’aide émanant des entreprises, l’augmentation de la pression administrative et la réglementation en perpétuel changement. Nous applaudissons dès lors que ce point ait été repris dans les différents accords de gouvernement. Nous y voyons une mission importante pour l’ITAA, dont les 15 000 membres cumulent un trésor de connaissances et d’expérience. Forts de leur maîtrise du « terrain », ils sont à même de partager cette expérience avec les décideurs politiques dans leur tâche législative.

La pénurie sur le marché nous impose de débarrasser la profession d’expert-comptable et de conseil fiscal de son image ringarde et dépassée. Nous devons surtout faire ressortir l’attractivité, les opportunités et le caractère varié de ce choix de carrière. Les jeunes diplômés, mais aussi les écoliers doivent être sensibilisés à ces opportunités d’emploi. Il est important également d’attirer des professionnels expérimentés vers la profession, car la pénurie ouvre de nouvelles possibilités pour ceux qui souhaitent se réorienter. Là aussi, l’Institut se voit investi d’une mission importante.

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Publication par communiqué de presse.
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