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Rachats d’entreprise par des fonds de capital-risque privé : un impact négatif sur la satisfaction des employés

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La Saïd Business School de l’Université d’Oxford et HEC Liège – École de gestion de l’Université de Liège viennent de publier une recherche étudiant le bien-être des employés dans le cadre des opérations de rachat d’entreprise par effet de levier (LBO) aux États-Unis – c’est-à-dire lorsqu’une entreprise est rachetée en utilisant de la dette comme principale contrepartie. Leur étude, qui est la première de ce type, s’intitule « Employee Views of Leveraged Buy-Out Transactions» .

Ludovic Phalippou , Professeur de finance, à Oxford Saïd, Marie Lambert, Professeur de finance à HEC Liège et deux chercheurs-doctorants de HEC Liège, Alexandre Scivoletto et Nicolas Moreno, ont examiné en détail plus de 700 000 avis provenant du site internet Glassdoor, où les employés évaluent anonymement leur entreprise. L’échantillon, qui porte sur une période allant de 2012 à 2020, concerne des employés occupant diverses positions hiérarchiques et provenant d’entreprises de différentes tailles et de différents secteurs. L’article analyse tant les notes fournies par ces employés que leurs appréciations écrites.

Marie Lambert, Professeur de finance à HEC Liège

Au cours des deux dernières décennies, le nombre d’entreprises cotées en bourse aux Etats- Unis a diminué de moitié pour atteindre 3 100 en 2019. Pendant ce temps, le nombre d’entreprises détenues par des fonds de capital-risque aux Etats-Unis est passé de moins d’un millier à plus de 20 000. Ces entreprises emploient aujourd’hui neuf millions de personnes.Etudier l’impact de ce type d’actionnariat financier sur les employés est donc une question d’importance sociétale.

La recherche montre que le type d’actionnariat est le facteur déterminant impactant la perception des employés. Tous les employés se montrent très insatisfaits dans les rachats d’entreprise avec effet de levier lorsque l’entreprise était préalablement cotée en bourse. Cependant, lorsque l’entreprise était privée avant le rachat, seuls les employés n’occupantpas des fonctions managériales se révèlent insatisfaits.

Principales conclusions de l’étude :

  • On constate une baisse globale de la satisfaction des salariés dans le cadre de rachats d’entreprise publique ou privée avec effet de levier (LBO).
  • L’impact social des LBO n’est pas uniforme.
    o L’effet est maximum lorsque l’entreprise était cotée en bourse avant latransaction et que l’on assiste à une privatisation. Cette transaction affecte par ailleurs tous les employés, indépendamment de leur position professionnelle.
    o Pour les entreprises qui étaient privées avant le LBO, la baisse de la satisfaction des employés n’est présente que pour les employés occupant des postes non- managériaux. Les salariés signalent, du côté positif, la croissance et l’environnement de travail stimulant ainsi que de meilleures conditions de travail (par exemple, au niveau des avantages sociaux et de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée). Du côté négatif, ils signalent des problèmes relationnels avec le management.

Le professeur Ludovic Phalippou explique : “La recherche académique a démontré un impact positif du Private Equity sur la productivité, la rentabilité, l’offre de produits, les brevets et l’innovation. En ce qui concerne les employés, la littérature a jusqu’à présent démontré un impact mitigé sur l’emploi. Notre étude est la première à mesurer directement la satisfaction des employés. J’espère que les résultats que nous avons obtenus pourront jouer un rôle dans la prise en compte du bien-être des employés dans les rachats par le capital-investissement.”

Le professeur Marie Lambert ajoute : “Notre article mesure l’impact social des transactions financières impliquant un changement dans la structure actionnariale. Nous savions déjà que l’équipe dirigeante jouait un rôle clé dans le succès économique des rachats d’entreprises par des fonds de capital-risque privé utilisant un endettement important. Nous avons à présent la preuve que l’équipe managériale est également un facteur critique d’un point de vue social.”

Lien vers l’étude : http://ssrn.com/abstract=3926300 .

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Publication par communiqué de presse.
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