Liège-Verviers

Un an après les inondations, tous les déchets ont été évacués via la Meuse

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Que serait Liège sans son fleuve ? Et que serait-il advenu il y a un an si la Meuse n’avait pas absorbé in extremis le flot furieux descendu tel un tsunami des vallées ardennaises, en particulier celle de la Vesdre ?

Au moment du pic de la crue, le 15 juillet en fin de journée à Monsin, le débit du fleuve a atteint 3000 m³/ seconde, un record historique ! Pour bien comprendre le danger qui menaçait, il faut savoir que le débit maximum supporté par la centrale hydroélectrique de Monsin est en principe de 450m3/seconde. On a craint un moment que le barrage ne tienne pas ! D’autant plus que des travaux étaient en cours en cette période d’étiage et que seuls, deux pertuis sur six étaient utilisables. Heureusement, les mesures coordonnées prises aux écluses de Monsin et de Lanaye, sur le Canal Albert, le maintien en service, malgré les risques, de la centrale électrique de Luminus et l’ouverture du déversoir de crue entre canal et fleuve ont permis d’éviter le pire : un débordement généralisé à Seraing, à Liège et dans la Basse-Meuse.

On se souviendra que cela n’a pas empêché deux péniches de sombrer près du port des yachts, en plein centre-ville, heureusement rapidement renflouées au moyen d’une grue géante venue en urgence de Rotterdam.

Bref, on est passé à deux doigts du chaos mais heureusement, le fleuve a finalement joué son rôle protecteur.

125.000 tonnes de déchets évacués par la voie d’eau

Entre la fin du mois de septembre 2021 et le mois de juin 2022, la Meuse a de nouveau assumé une mission essentielle, cette fois dans le transport des innombrables déchets et détritus arrivés des communes sinistrées. « Plus de 150.000 tonnes ont été entreposées sur trois sites principaux, rappelle Caroline Charlier, porte-parole de la Spaque : la bretelle d’autoroute désaffectée de l’A601 à Milmort (85.000), le site du Wérihet à Wandre (33.000) et le port de Hermalle-sous-Huy sur le territoire de la commune d’ Engis (36.000).»

C’est en effet la Spaque qui a été chargée d’organiser le transport, le stockage et le traitement de tous ces déchets, une opération à laquelle le Gouvernement wallon a consacré un budget total de 60 millions. « Au terme de ces dix mois, poursuit Caroline Charlier, d’un point de vue environnemental, on peut être satisfait. Il n’y a eu aucun enfouissement. Tous les déchets ont pu être valorisés, 70 % par le recyclage et 30 % dans la production d’énergie.»


Trois spécialistes

Trois acteurs de terrain ont oeuvré de concert à l’opération d’évacuation et de traitement. A la suite d’une procédure de marché public, un contrat de 30 millions a été conclu entre la Spaque et la société Aertssen, groupe international anversois spécialisé, entre autres, dans le transport et la logistique. En tant que donneur d’ordres, Aertssen s’est associé à EIT (Euroports Inland Terminals), opérateur logistique maritime et fluvial et manutentionnaire portuaire implanté à l’Île Monsin, et au groupe Bruco-Maes, spécialiste du triage et du recyclage des déchets, dont la filiale wallonne Bruco-Sud est établie à Auvelais.

« Une des exigences de la Spaque, explique Muriel Baugnée, region manager de Aertssen Infra Sud, était qu’au moins 75 % du transport se fasse par la voie d’eau. Ce qui fut le cas et en ce qui concerne le dépôt d’Engis, idéalement situé en bordure du fleuve, ce fut même 100 % ! Des bateaux de 1.500 tonnes ont remonté la Meuse puis la Sambre jusqu’à Auvelais.»

Quant aux 90.000 tonnes de déchets stockés sur la bretelle d’autoroute et sur le site du Wérihet, ils ont été évacués par camion vers le port de Monsin puis acheminés par le Canal Albert, alimenté par les eaux de la Meuse, vers Wijnegem, près d’Anvers, et vers Vilvorde. Sur des péniches d’une moyenne de 2.300 tonnes, cela représente plus de 40 voyages. 

Au total, ce sont plus de 60 bateaux qui, grâce à la Meuse, ont conduit à bon port 125.000 tonnes de déchets. Par la route, il aurait fallu plus de 8.300 camions de 15 tonnes ! 

Deux fois donc, le fleuve a parfaitement rempli son rôle. Décidément, on l’aime cette « Meuse endormeuse et douce à notre enfance »…


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