Depuis son plus jeune âge, Mathieu Guitoun se passionne pour le monde de la construction. Un attrait qui a incité ce Waremmien à embrasser le métier original d’artisan briquetier. Dans le plus pur esprit des anciennes briqueteries de Hesbaye, il produit aujourd’hui des briques fidèles aux traditions d’antan.
Le Jeune entrepreneur du mois
- Nom : Mathieu Guitoun
- Âge : 24 ans
- Société : Briqueterie Houlé
- Formation : bachelier en comptabilité (HELMo Sainte-Marie)
- Concept : fabrication de briques identiques aux anciennes briques de campagne
Les métiers de la construction ne séduisent pas les jeunes entrepreneurs. Une tendance à contre-courant de laquelle vous vous inscrivez…
M.G. : « Je n’ai jamais imaginé évoluer dans un autre secteur. Mon père est à la tête d’une société de construction spécialisée dans la rénovation d’anciens bâtiments. Mes études secondaires terminées, je n’avais qu’une envie : intégrer les rangs de l’entreprise familiale. Mon père préférait cependant que je poursuive ma scolarité. Un peu par dépit, j’ai donc entamé un cursus en comptabilité au cours duquel je me suis finalement amusé. Mon diplôme en poche, j’ai enfin rejoint la société mon père (rires). »
De comptable à briquetier, il y a un monde. Comment est née l’idée de fabriquer vos propres briques ?
M.G. : « Dans les différents travaux de rénovation que nous menions, nous étions confrontés à une double problématique : le prix croissant des briques de récupération et la qualité de celles-ci. Lorsque nous achetions une palette, il n’était pas rare de trouver des briques mal cuites ou endommagées. Partant de ce constat, j’ai eu envie de fabriquer des briques de campagnes authentiques, selon un procédé artisanal. »
Les briqueteries artisanales ont quasiment toutes disparu en Belgique. Comment avez-vous procédé pour concrétiser ce projet un peu fou ?
M.G. : « Je me suis documenté, j’ai rencontré d’anciens artisans briquetiers, visité les dernières briqueteries familiales encore en activité… J’ai ainsi eu l’opportunité d’acquérir le matériel d’un fabricant de briques de campagne qui partait à la retraite. J’ai également eu la chance de croiser la route de la famille de Membruggen qui détient une briqueterie semi-industrielle, à Riemst (Limbourg). Séduit par mon projet, les dirigeants ont accepté de mettre un espace à ma disposition sur le site tout en me permettant d’utiliser leur four au gaz (de 1963) et leur séchoir. Grâce à leur soutien, j’ai véritablement pu entamer la fabrication de mes briques au printemps 2017. »
Qu’est-ce qui les distingue de briques industrielles ?
M.G. : « Produites avec pour unique ingrédient de l’argile locale, elles affichent une dureté supérieure aux briques industrielles, un taux performant d’absorption ainsi qu’une couleur appelée à perdurer. Dans le cadre de travaux de rénovation, leur prix (ndlr : entre 0,33 et 0,55 € HTVA) est plus faible que celui de briques de réemploi tout en offrant une parfaite synergie avec le bâtiment existant. Elles permettent aussi de donner un caractère unique à de nouvelles constructions. Notons, enfin, qu’elles peuvent être fabriquées sur-mesure. »
Quel est votre prochain challenge ?
M.G. : « Je dispose aujourd’hui d’une bonne connaissance technique de mon produit et de son processus de fabrication. La prochaine étape est de faire davantage connaitre cette brique authentique à de potentiels clients, qu’ils soient particuliers, architectes ou marchands de matériaux. A moyen terme, j’aimerais augmenter mon volume de production – 50.000 briques/mois actuellement – tout en conservant un procédé artisanal et le cachet de briques moulées-main. »
Briqueterie Houlé : Dorpstraat, 17 à 3770 Riemst – Tel. : 0472/64.46.00 – mathieu.guitoun@gmail.com – www.briqueterie-houle.be
© Marc Mélon – RTBF
