Hainaut

Sambrinvest : évolution et nouveaux projets. Interview d’Anne Prignon.

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Interview d’Anne Prignon, CEO de Sambrinvest

Propos recueillis par Tatiana Hamaide

Que sont les Invests et à quoi servent-ils ?
Les Invests sont des sociétés de financement et d’investissement, à structure mixte. L’actionnariat de Sambrinvest est à 40% public et 60% privé. En Région wallonne, il existe 9 Invests, dont Sambrinvest créée il y a plus de 35 ans et que j’ai rejoint il y a une quinzaine d’années. Les Invests dits de « première génération » (Sambrinvest, Meusinvest, Nivelinvest et Investsud) sont nés lors de la crise sidérurgique des années 80, en vue de recréer de l’activité économique autour d’un tissu fort de PME. Vu l’impact positif des 1ers Invests sur le développement économique, le gouvernement en a suscité la création d’autres par la suite.

L’objectif premier des Invests est de soutenir la création et le développement des PME en favorisant les activités à haute valeur ajoutée, porteuses en termes de développement économique dans une région, et/ou celles procurant de l’emploi.

Quelle a été l’évolution et les nouveaux projets de Sambrinvest ces dernières années ?
Si Sambrinvest est attentive aux entreprises de tout secteur économique, elle a mis l’accent, depuis 4-5 ans, sur certains axes porteurs de développement du territoire de la région. Ces axes sont proches des priorités sectorielles proposées par le plan CATCH (de 2017 à juin 2020). Ce plan d’accélération pour une croissance de l’emploi dans la région de Charleroi, apparu suite à l’annonce de fermeture de Caterpillar
fin 2016 à Gosselies, a reconnu 4 secteurs essentiels pour le développement de la région : Advanced Manufacturing, Airport & Logistics, Health & Bio, Creative & Digital.

Sambrinvest s’est fort impliqué dans le développement de ces 4 axes sectoriels, en mettant en place des écosystèmes sectoriels ou en renforçant ceux déjà existants. C’est le cas, par exemple, du projet A6k (= secteur « Advanced Manufacturing » à 6000 Charleroi) installé dans l’ancien tri postal, à côté de la gare, qui rassemble des entreprises autour de projets d’Innovation et de R&D. L’idée étant de créer d’abord un écosystème sectoriel, de financer les investissements pour pouvoir accueillir des entreprises qui, entre elles, pourront ensuite échanger, collaborer, travailler sur des thématiques d’innovation et en attirer d’autres… C’est par exemple grâce à l’animation développée dans A6K que le patron d’Aerospacelab nous a approchés récemment et a évoqué le possible financement par Sambrinvest de son usine de fabrication de satellites.

Aujourd’hui, comme nouvel axe potentiel de développement, il y a toute une réflexion par rapport à la thématique « Clean Tech » (liée à la transition énergétique). Et nous avons aussi le projet de notre nouveau bâtiment – « Dockin » – sur le Quai de la Sambre, dans lequel nous déménagerons durant l’année 2023. Dans celui-ci, on retrouvera (i) l’espace co-working dédié aux startups digitales, dans lequel seront développés des programmes d’animation, d’innovation et de mise en réseaux des startups/scaleups digitales avec les Centres de formation, de recherche et nos PME qui souhaitent se digitaliser ; (ii) nos bureaux Sambrinvest, et (iii) des espaces loués à des entreprises plus matures.

Vous allez quitté Sambrinvest fin d’année, de quoi êtes-vous fière?
Ce qui est remarquable à constater, en jetant un œil sur ces 15 années, est le fait que Sambrinvest a toujours su s’adapter à la situation économique afin de rencontrer les besoins des entreprises, en prenant des risques et en suppléant là où le marché financier – que ce soient les banques ou les Fonds d’investissement – était peu présent.

Durant la crise financière (2008-2010), les banques étaient limitées dans leur capacité d’octroi de nouveaux crédits. A ce moment-là, nous avons suppléé au manque de liquidité sur le marché financier, en intervenant massivement dans le financement de projets de développement d’entreprises matures afin de leur permettre de poursuivre leur développement.

Après la crise financière, nous avons fait de la biotech un axe stratégique de développement et avons soutenu les projets des entreprises qui sont venues s’installer sur le Biopark. C’est un domaine très risqué, et de longue haleine car cela concerne le financement de la R&D pour de nouveaux produits. Mais les résultats ont été probants par la suite quand plusieurs entreprises de notre portefeuille ont été vendues avec une belle plus-value, entre 2018 et 2021.

A partir de 2017, nous avons été confrontés à une situation inverse à celle de 2009-2010 : il y avait énormément d’argent sur le marché du fait du soutien de la BCE à l’économie. Avec pour conséquence, la période des intérêts négatifs (qui vient tout juste de se terminer), et l’investissement massif des banques dans les entreprises. Durant cette période, Sambrinvest a mené moins de projets en partenariat avec les banques en faveur des PME en croissance, et s’est une fois de plus orienté vers des secteurs à risque plus élevé, dont notamment les startups digitales.

Lors de la crise du Covid, nous avons à nouveau réagi très rapidement en proposant aux entreprises de reporter les échéances de leurs prêts pour qu’elles puissent « voir venir » dans cette période où nul ne savait vers quoi l’économie allait s’orienter. Dans un 2e temps, les banques ont fait pareil avec le soutien du gouvernement fédéral. Globalement, grâce aux différentes formes de soutien qu’elles ont obtenues, les entreprises sont passées au travers de la crise Covid de manière assez résiliente.

Je suis donc fière que grâce à mon impulsion et celle de l’équipe de Sambrinvest, et soutenus par le conseil d’administration, nous ayons pu nous positionner – avec agilité et prise de décision rapide – pour venir en soutien des entreprises et du développement de l’activité économique, là où c’était nécessaire et sous des formes appropriées quand le marché faisait défaut. Cette capacité d’adaptation a d’ailleurs permis de démultiplier nos activités, le montant annuel d’investissement passant de 10M en 2008 à > 60 M€ aujourd’hui, et le nombre d’entreprises en portefeuille de 100 à 300.

Fière aussi du développement de nos réseaux d’investisseurs au profit de nos entreprises et de notre implication dans des secteurs clés tel que la biotech, l’ingénierie et le digital. Fière enfin de la relation que j’ai pu entretenir durant 15 ans avec les entreprises : être à leur côté sans s’imposer.

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