Liège-Verviers

Facteur d’accordéon, un travail de bénédictin !

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Un délicieux parfum de bois brûlé comme au temps de nos grands-mères, dans une vieille et grande maison ardennaise tout en pierre, au milieu du petit bourg d’Odrimont, non loin de la Baraque Fraiture.  

C’est dans ce hameau perdu entre forêts et pâturages, aux confins des provinces de Liège et de Luxembourg que vit Bernard Lambotte, 54 ans, facteur d’accordéons diatoniques et chromatiques… notamment.

« Je suis archéologue de formation, inspecteur social à la Région wallonne de profession et constructeur/réparateur d’accordéons par passion. J’ai appris à connaître cet instrument, à la fois si populaire et si chaleureux, grâce à mon fils, Lucien, qui en joue depuis une dizaine d’années. Il a découvert l’accordéon à l’occasion d’un stage organisé par l’ A.S.B.L. Accord’Art. Il fallait bien entretenir cet instrument complexe, alors, je me suis lancé. C’est un travail de patience et de précision qui me rappelle un peu les fouilles à l’abbaye de Stavelot auxquelles j’ai participé il y a une trentaine d’années. »

Vivre en Haute-Ardenne pour s’occuper d’accordéons n’est pas un caprice mais un avantage. Le bois est, en effet, un élément de base, tant pour leur fabrication que pour leur restauration. Et du bois, il y en a, là-haut !

« Le bois léger des arbres fruitiers est nécessaire pour certaines pièces mais j’utilise aussi de l’orme, du hêtre, de l’érable, du tilleul et des résineux qu’il faut découper, mesurer, ajuster, assembler. Ici, les scieries ne manquent pas, je n’ai donc pas de problème d’approvisionnement… »

Ce qui plaît le plus à Bernard Lambotte, c’est la restauration car, comme il dit, « la fabrication, c’est un travail répétitif, c’est toujours un peu le même « djâle ». Par contre, poursuit-il, quand on restaure, c’est chaque fois différent. Il faut chercher, tâtonner, coller, bricoler et, enfin, ré-accorder. Aujourd’hui, l’accordage se fait régulièrement à l’aide d’un ordinateur. Quand c’est trop compliqué, je fais appel à un accordeur. Il faut plusieurs années d’expérience pour bien accorder. »

Artisan, notre Ardennais l’est jusqu’au bout des ongles ! Son travail de bénédictin est soigné mais il ne faut pas être trop pressé. « Pour fabriquer un accordéon, il faut compter une dizaine de jours de travail à raison de journées de 12 heures et comme je fais cela pendant mes loisirs… Bon an, mal an, je fabrique et répare 40 à 50 exemplaires. Pour moi, c’est plus un simple passe-temps qu’un business ! »

Le bois garantit la qualité du son, mais il y a aussi « toute la quincaillerie », les boutons, les petites pièces en métal posées sur le « sommier », qui produisent les notes, le soufflet en carton etc… La plupart de ces composants viennent d’Italie. 

Dans plusieurs bourgades autour de Castelfidardo, dans la région d’Ancône, dans les Marche, de petites sociétés familiales se sont spécialisées dans la fabrication d’un instrument très apprécié dans la Botte. Il suffit de penser à Rocco Granata et au succès quasi planétaire de « Marina, Marina »… 

La tradition des manufactures d’accordéons tels qu’on les connaît aujourd’hui remonte au milieu du XIXème siècle et elle s’y est perpétuée jusqu’à nos jours grâce à l’habileté manuelle des habitants qui se transmettent leur savoir-faire de génération en génération. Par miracle, ce précieux artisanat s’est exporté jusqu’au coeur de l’ Ardenne. Les bals et les soirées populaires ont encore un bel avenir !   

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